Extrait :

LAETITIA – Le fameux Club des Jacobins … C’était plus qu’un club politique réunissant des députés, n’est-ce pas ?

BOISSEL – C’était un véritable espace de débat démocratique où siégeaient régulièrement des élus de la nation mais aussi des savants, des philosophes, des écrivains… En juillet 1790, la société comptait 1200 membres rien que sur Paris !

LAETITIA – Dont Robespierre, La Fayette et tant d’autres… J’imagine que vous avez dû assister à quelques séances ? Alors concrètement, comment ça se déroulait ?

BOISSEL – Dans la mesure du possible, j’assistais à toutes. Nos réunions se déroulaient dans une vaste galerie,  l’immense bibliothèque du couvent où l’on avait érigé des gradins. Sur les murs se découvraient les portraits des principaux membres de l’ordre Dominicain. A l’une des extrémités de la salle trônait un autel pour dire la messe et à l’opposé, juste au-dessus du porche d’entrée s’étalait une immense fresque représentant Saint Thomas d’Aquin  distribuant d’une main les Evangiles et de l’autre sa Somme théologique !…

LAETITIA – Dites donc, c’était plutôt ecclésiastique pour des réunions qui se défiaient tellement du Clergé…

BOISSEL – On peut le dire. (Il s’approche d’elle pour lui parler à voix basse) Ajoutez à cela que nos séances se tenaient tard le soir, bien souvent jusqu’au petit matin, dans une pénombre due à un éclairage insuffisant, et vous aurez une idée de l’atmosphère étrange qui régnait lors de nos débats enflammés.

LAETITIA – (yeux fermés)  J’imagine l’ambiance … (ouvrant les yeux) Est-ce qu’on peut dire du club des Jacobins qu’il était un contre-pouvoir redouté par le parlement ?

BOISSEL –  On peut le dire effectivement mais saviez-vous que la société jacobine était aussi une société de bienfaisance et d’assistance juridique et sociale?

LAETITIA – C’est-à-dire ?

BOISSEL –  Nous avions créé l’usage de confier  à certains membres de notre société la défense devant les tribunaux des intérêts de certains patriotes. On ne refusait aucune cause grande ou petite, croyez-moi car j’ai souvent été mis à contribution.