Petite Bio : Du Nord au Sud

Depuis 1960 du Nord au Sud :

Petite BIO d’un écrivaillon chti-ardéchois

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Drôle de monde n’est ce pas que cette planète que l’on appelle « Terre »? Je me souviens avoir pleuré lorsque j’y ai débarqué ce 18 janvier 1960 au 1er de la rue Sadi Carnot d’une petite commune du nord de la France appelée « Lesquin ». Intuitivement, je devais sentir que ce stage imposé que l’on appelle « existence », n’allait pas être une sinécure. Il faut dire qu’il était 4h15 du matin et qu’on n’avait pas idée d’obliger un petit d’homme à se lever si tôt dans cette école d’apprentissage de l’humanité que l’on appelle « la vie ». Sacrée école ! Tellement belle mais aussi tellement énigmatique. A moins qu’elle ne soit tellement belle précisément parce qu’elle est tellement énigmatique ?

Le premier mot dont je me rappelle à mon égard fut « Pierrot ». Par la suite j’appris que je m’appelai « Pierre », puis « Antoine », et pour finir « Courouble ». Enfin, paraît-il ?  Car depuis ma prime enfance j’ai toujours douté de cette identité, que mes parents fussent vraiment mes parents et mes frères et sœurs soient mes vrais frères et sœurs. Au fil du temps, j’ai fini par me faire raison et adopter cette famille dont j’étais le petit dernier. Le chouchou paraît-il…

Lesquin, à l’époque, était un gros village encore rural malgré son usine métallurgique, sa gare et surtout son aérodrome, une ancienne base militaire qui allait se reconvertir dans le civil et donner l’aéroport de « Lille-Lesquin ». Bientôt les lotissements envahirent les champs et pâtures environnants, une impressionnante zone industrielle se développa avec le Centre Régional de Transport.

Passées mes premières sensations-émotions de faim, de peur, de douleur mais aussi de satisfaction, de chaleur et de douceur, j’ai découvert très rapidement le bonheur du JEU !

Ah le jeu !… Imiter ceux que je croyais être des grands, recréer un monde avec mes petites voitures et autres trains électriques, commander à tous ces soldats qui n’étaient déjà plus en plomb mais en plastique. Dans ma vie, j’allais deve nir et toujours rester JOUEUR.

Bizarrement dès mon plus jeune âge, j’allais être fasciné, pour ne pas dire « hanté », par l’histoire et plus spécifiquement par la guerre. Mais pas n’importe quelle guerre, celle qu’on appelait « la dernière » : 39-45. Et pas non plus de n’importe quel aspect, le seul point de vue qui m’intéressait était presque exclusivement celui des allemands !! Etrange pour un petit fils de poilu mort au front d’une balle tirée en plein front, par un « boche ». Etrange aussi pour le fils d’un déporté qui passa cinq années de sa vie en captivité dans l’Allemagne nazie… Mais bon glissons sur cet aspect de ma vie. Des thérapies faites à 40 ans, m’ont données les clés de lecture de cette étrange obsession, et du même coup m’en ont guéri.

Passée la communale à l’école Jean Mermoz, je suis allé « faire mes humanités » à Lille. Précisément dans l’Institution Saint-Pierre à Lille !!… Ah LILLE! Mon premier grand amour. Mon père était responsable d’un centre de gestion situé dans le centre ville, rue Jean Sans Peur (ce nom de rue m’avait toujours fasciné, il existait donc des hommes « sans peur » !). Il terminait son travail vers les 18h et tous les jours je le rejoignais pour retourner chez nous à Lesquin. L’établissement catholique où je poursuivis mes études d’école élémentaire, de collège puis de lycée – était situé à une demi-heure à pied du centre ville. Sachant que je finissais à 16h, parfois à 16h30, et que je pouvais, en accélérant le pas, remonter la rue Nationale jusqu’à la place de la République en un quart d’heure, j’avais entre une heure et heure trente de temps libre à consacrer au plus beau temple de la culture qu’il m’ait été donné de connaître, véritable caverne d’Ali Baba de la littérature: la librairie du FURET DU NORD. Quel bonheur le Furet ! C’était la plus grande librairie d’Europe. Remplie de niveaux, de rayons, d’étagères, bref de LIVRES. Certes, le Furet était comme la FNAC un établissement avant tout commercial avant d’être un établissement culturel mais pour le petit garçon que j’étais c’était un lieu de rencontre, de découverte, de connaissance du monde, des hommes, de soi…

Au fil des ans, je n’ai jamais su ce que je devais faire dans la vie. Tout ou presque m’intéressait : l’armée, la prêtrise, la médecine, l’architecture, le cinéma, l’archéologie, l’histoire, l’astronomie, la conquête spatiale, la philosophie, la psychiatrie… Après des études universitaires plutôt mixtes entre la médecine, le droit, les sciences humaines, j’allais finalement trouver ma voie dans le métier qui institue l’humanité en l’homme : instituteur ! Un métier que j’ai toujours adoré, d’abord parce qu’il me met au contact des enfants, et je crois être resté un grand enfant. Ensuite parce qu’il me permet de toucher de manière généraliste à plein de domaines merveilleux : l’histoire, la poésie, la science, la citoyenneté, la créativité, le sport, la géographie…

En 1990, je vais gagner durablement le sud de la France. Ma voie professionnelle va alors trouver son plein épanouissement dans une merveilleuse région de France : l’Ardèche, mon deuxième amour. Après avoir vécu quelques belles années de militance écolo dans la Cévenne, je me suis posé avec bonheur dans une cité d’histoire et de légendes au nom prédestiné : JOYEUSE ! Et c’est précisément cette cité qui a éveillé en moi la passion de l’écriture. L’instit y est devenu correspondant de presse puis écrivain. Un premier livre sur Joyeuse, un deuxième sur Boissel, un troisième sur la Révolution et puis ce fut l’appel des étoiles…